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Levées de fonds dans la Tech en France en 2025 : quelles perspectives pour 2026 ?

25 septembre 2025

Un marché français en contraction

L’année 2025 a confirmé le ralentissement des levées de fonds dans la French Tech. Après des années de croissance rapide et de records en 2021 et 2022, puis une correction progressive en 2023 et 2024, la tendance s’est accentuée. Au premier semestre, les startups hexagonales ont levé environ 3,4 milliards d’euros, contre plus de 4 milliards un an plus tôt. Le nombre d’opérations a chuté, passant de près de 400 à environ 230.

Cette contraction touche tous les stades de financement. Les tours seed et séries A se maintiennent mais avec une sélectivité accrue. Les tours de grande ampleur deviennent rares, marquant une rupture avec la dynamique des méga‑levées des années passées. Les investisseurs privilégient désormais les startups capables de démontrer rapidement leur traction commerciale et leur discipline financière.

Des tours emblématiques malgré la prudence

Si le marché global est moins dynamique, certains secteurs stratégiques continuent de mobiliser d’importants capitaux. Loft Orbital a levé 170 millions d’euros en début d’année pour renforcer sa flotte de satellites. Alice & Bob a réalisé une levée de 100 millions d’euros dans le quantique. Pennylane, fintech française, a sécurisé 75 millions d’euros pour soutenir sa croissance. Ces opérations illustrent la vitalité persistante de la deep tech, des technologies spatiales et des services financiers numériques.

La Bretagne en vitrine avec Cailabs

La Bretagne illustre bien cette capacité de résilience et d’innovation. Rennes s’affirme comme un pôle d’excellence en photonique, cybersécurité et numérique. En 2025, la startup rennaise Cailabs a levé 57 millions d’euros dans un tour structuré. Le financement se décompose en 37 millions d’euros apportés par la Banque Européenne d’Investissement (BEI) et 20 millions d’euros investis par un consortium d’acteurs incluant Definvest / Fonds Innovation Défense (ministère des Armées & Bpifrance), NewSpace Capital, le Fonds du Conseil Européen de l’Innovation (EIC Fund), Starquest Capital, et CAIVE (Crédit Agricole Ille‑et‑Vilaine Expansion).

Dans ce dossier, le cofondateur et PDG Jean‑François Morizur porte la vision de l’entreprise. Le recours à ce tour de table donne à Cailabs les moyens d’accélérer son passage à l’échelle industrielle, d’augmenter ses capacités de production et d’étendre son empreinte internationale. Cet exemple montre que l’écosystème régional breton peut produire des acteurs technologiques de rang mondial, capables de mobiliser des capitaux structurés et stratégiques.

Contraintes et dynamiques structurelles

Le marché reste contraint par plusieurs facteurs : les taux d’intérêt toujours élevés réduisent les valorisations et la tolérance au risque, les budgets publics se resserrent, et les débouchés par IPO restent incertains, ce qui allonge les cycles de liquidité des investisseurs. Toutefois, la dynamique ne s’éteint pas : l’État maintient ses engagements via France 2030 et l’initiative Tibi, tandis que les investisseurs privés redirigent leur attention vers les secteurs les plus résilients — intelligence artificielle, énergie/climat, santé, quantique et cybersécurité.

Quelles perspectives pour 2026 ?

L’année 2026 pourrait marquer un tournant, même si la reprise ne sera pas linéaire. Trois scénarios principaux méritent d’être envisagés. Dans le scénario optimiste, une détente des conditions macroéconomiques (baisse ou stabilisation des taux, réassurance des marchés) pourrait relancer les méga‑tours, réactiver l’émulation autour des licornes françaises et attirer à nouveau les investisseurs internationaux. Dans le scénario médian, le marché resterait sélectif : les levées resteraient modérées, concentrées sur des tours intermédiaires (5 à 50 millions d’euros), et les capitaux iraient prioritairement vers les domaines à forte barrière technologique. Dans le scénario plus défavorable, si les tensions économiques persistent, le financement public se fragilise ou l’appétit pour le risque des investisseurs recule encore, le marché pourrait rester en retrait, contraignant les startups à des levées étape par étape, à l’alliage de croissance organique et de partenariats industriels.

Conclusion : un marché en mutation

2025 aura été une année de recul, mais aussi une phase de purification du marché. 2026 pourrait ouvrir un nouveau cycle, plus sélectif mais structurellement plus solide — un cycle où seul ce qui est validé, structuré et visionnaire trouve son chemin vers les financements capables de bâtir les futurs champions de la Tech française.

Toutefois, l’évolution des levées en 2026 ne dépendra pas seulement de la conjoncture économique et des conditions financières. L’instabilité politique en France, marquée par une incertitude sur la continuité des politiques publiques en faveur de l’innovation et par une volatilité budgétaire accrue, pourrait avoir un impact direct sur la confiance des investisseurs. Les entrepreneurs devront composer avec cette dimension supplémentaire, qui peut ralentir certains flux d’investissement mais aussi pousser à une diversification plus forte vers les financements européens ou internationaux. Ainsi, la dynamique des levées en 2026 sera autant une affaire de confiance macroéconomique que de stabilité politique.

Arnaud Mathieu
Consultant Senior